9 févr. 2018

A LA CHAPELLE : une relique extraordinaire.

Une histoire authentique : le "chevet" de Notre Dame offert au XIVe siècle à la chapelle de Beauchêne



Le 27 décembre 1373, Pierre de Puyguyon, qualifié de "valet" - on prononçait localement "Pudion" (dont la femme Jeanne Boschet et la fille Catherine sont décédées, et dont le frère Jean de Puyguyon est prêtre), fait rédiger son testament de la manière suivante :


"... item vuyl et commande que mes exequtors ou l'un d'eulx rendent et payhent es procurors de la fabrice de Notre Dame de Beachagne à elx et profit de Notre Dame et pour la réparation dudit lieu, dis livres une feas pahes, lesquelx ge hay done et done au dit leu par la cause desus dite sans ceu que le procuror ne le prestre y puychent ren autre ne demander. Eynci et pour telle menère que si mes exequtors ou l'un d'eux defaillient de rendre et paher les dites dis livres esdits procurors à cause de Notre Dame, que par chacun an qu'il deffaudrient d'averpahe lesdites dis livres, que lesdits exequtors ou l'un d'eulx soient tenus rendre et paher esdits procurors diz sols par chacun an jusques a tant que les dites diz livres soient pahees et satisfaites esdits procurors si comme dit est. Item ge donne et lesse à Notre Dame de Beachaigne pour la rédemption de l'âme de moy et pour estre es ben fais de la chapelle du dit leu, le cheveo de Notre Dame, lequel avoient aporte mes predecessors d'oustre mer et lequel cheveo ge vuyl que les dits procurors ayent en garde..." (parchemin autrefois scellé sur double queue : Bibl. Nat., cabinet d'Hozier, t. 280 - 7.619, Puyguyon, pièce n° 5).
Selon Beauchet-Filleau, il s'agirait plutôt de Jacques de Puyguyon, son père, qui faisait partie de la compagnie de Jean L'Archevêque.

Le "chevet", ou relique du Coussin où la Vierge (voire l'enfant Jésus) aurait posé la tête, fut ainsi manifestement rapporté de croisades (comme la ceinture de la Sainte Vierge, actuellement conservée non loin de là au Puy-Notre-Dame), et se trouve aujourd'hui représenté sur le vitrail supérieur du chœur de la chapelle de Beauchêne à Cerizay.

Cette chapelle abritait encore au XIVe siècle la statue miraculeuse de Notre-Dame découverte sans doute au XIIe siècle, selon la tradition, dans le creux d'un chêne où paissait un bœuf gras.





Une relique rapportée des croisades


Quand cette fabuleuse relique a-t-elle été rapportée de Terre sainte ? On ne sait.

A partir de la 1ère croisade de 1095 - celle de Pierre l'ermite dit "Gauthier sans avoir" et celle des barons, 175 ans d'expédition commencent pour la délivrance des lieux saints : Godefroi de Bouillon prit Jérusalem en 1099 mais en refusa le titre de Roi.  Suivront les échecs des 2e, 3e et 4e croisades.

Mais en 1212, un jeune berger de Cloyes, près de Vendôme, Etienne, fort d'une vision mystique, décide de se rendre à pied à Jérusalem alors prisonnière des sarrazins depuis 1187, avec peut-être 30 000 pèlerins venus de partout (de France et d'Allemagne). Ce sont surtout des adolescents, mais aussi des femmes et quelques hommes du monde paysan, qui partent délivrer la ville sainte et surtout la relique de la Vraie Croix. Ces pueri et puellae seraient aller jusqu'à Rome, Gênes ou Marseille : c'est la croisade pacifique des humbles, dite "croisade des enfants", partis sans armes ni argent, en chantant en procession. Beaucoup ne sont pas revenus.

Viendront la 5e puis la 6e croisade, grâce à laquelle Jérusalem revient dans le giron chrétien suite aux négociations de l'Empereur Frédéric II, et ce, sans aucune effusion de sang.

Jérusalem ayant été reprise en 1244, Saint Louis entrepris la 7e croisade.

Image associée

Les croisés furent défaits à la bataille de Mansourah et le roi fut libéré contre rançon. C'est l'époque de la "croisade des Pastoureaux", bergers ou paysans, de 1251. Certains d'entre eux parviennent à rejoindre les croisés.

Saint Louis resta quatre ans en Terre Sainte avant son retour en 1254, et sa mort en 1270 au cours de la 8e et dernière croisade arrêtée à Tunis.

La relique du Coussin, ainsi que la statue de Beauchêne, seront détruites dans l'incendie de l'édifice perpétré lors des guerres de religion du XVIe siècle.




Sources :
MICAUD Gustave et BARBAUD Jean-Raymond - Au bocage vendéen, Notre-Dame de Beauchêne, Luçon impr. S. Pacteau, 1930, pp. 14-15.
FILLEAU Henri - Dictionnaire historique, biographique et généalogique des familles de l'ancien Poitou, tome 2, publié par H. Beauchet-Filleau et Ch. de Chergé, 1840-1854, p. 567.


L'adoubement : un nouveau baptême





Les jeunes écuyers étaient confiés comme pages à l'âge de 7 ans par leurs parents à un seigneur châtelain. C'est dans la chapelle du château que les adoubements des jeunes écuyers pouvaient se dérouler.

La veille, l'aspirant, purifié par le bain et le jeûne, vêtu d'une tunique blanche, restait en méditation et en prières : c'est la veillée d'armes.

 Sur l'autel sont déposés l'épée, ainsi que les armes qu'il recevra le lendemain.

Le matin, il se confesse et communie lors de la messe solennelle. Il revêt ensuite une tunique écarlate de la couleur du sang qu'il est prêt à verser, puis la cotte de maille (haubert), et on suspend l'épée à son cou.

Le prêtre la prend et la bénit, puis la pose sur l'épaule de l'écuyer qui s'est mis à genoux.

Il pose la main sur les Evangiles, et écoute la lecture des serments :
Tu croiras à tous les enseignements de l'Eglise, et à ses commandements
Tu protégeras l'Eglise et défendra tous les faibles
Tu aimeras le pays d'où tu es né
Tu ne fuiras jamais devant l'ennemi
Tu combattras les infidèles avec acharnement
Tu rempliras les devoirs féodaux, à la condition qu'ils ne soient pas contraire à la Loi divine
Tu ne mentiras jamais et tu tiendra ta parole
Tu seras libéral et généreux
Tu seras toujours le champion du bien contre l'injustice du mal.

Son parrain (chevalier) lui passe le baudrier (courroie de cuir en écharpe, pour passer l'épée). Des assistants fixent les éperons d'or ou d'argent. On lui remet ensuite son bouclier où figurent ses armoiries, puis sa lance de frêne et son casque (heaume). Il ceint ensuite l'épée.

Fichier:Adoubement de Galaad.png



Enfin vient la colée : le jeune homme s'agenouille devant son parrain qui lui assène un coup de poing sur la nuque, ou bien trois coups de plat d'épée sur la joue. Mais au XVe siècle, c'est plutôt le prêtre qui lui administre un soufflet sur la joue : le seul qu'il recevra sans le rendre.

Au nom de Dieu, de Saint Michel et de Saint Georges, je te fais chevalier. Sois vaillant, loyal et généreux : l'écuyer est devenu chevalier.



Armes des Puyguyon : d'or à une tête de cheval effarouchée de sable.

Que reste-t-il aujourd'hui des Puyguyon ? Le château (passé ensuite aux Lescure puis La Rochejacquelein), situé près de Cerizay, a disparu. Mais un souterrain subsiste.

Le château de Puy-Guyon (3° partie)....   Le château de Puy-Guyon (3° partie)....


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