24 févr. 2018

SUR LE CHEMIN DE RONDE : le soir, on dirait une présence...

La fée Mélusine


Décidément, le seigneur de Parthenay se croit toujours chez lui au château de Saint-Mesmin, depuis qu'il a prétendu, dès 1675, en faire la démolition.

On sait que Guillaume VII L'Archevêque, prestigieux seigneur de Parthenay et suzerain du seigneur de Saint-Mesmin, se targuait d'une ascendance légendaire, cousine de celle des Lusignan : la fée Mélusine (mère-Lusigne), que l'on voit ici voler sous la forme d'un dragon sur les tours du château de Lusignan :


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Très riches heures du duc de Berry (le mois de mars)

Il demanda même au trouvère Couldrette de mettre son histoire en vers : ce qui fut fait au moment de la mort de ce grand seigneur en 1401.

"Faistes, dist-il, tout à loisir,
car vostre est toute la journée
le chastel [de Parthenay] fut fait d'une faée
si comme il est partout retrait
de laquele je suis extrait
et moy et toute ma lignie
[...]
et afin qu'il en soit mémoire
vous mettrez en rime l'istoire".


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La fée, maudite par Pressine, sa mère, pour le crime qu'elle avait commis avec une de ses sœurs en renfermant son père Elinos, fut condamnée à devenir tous les samedis femme serpent.

Rabelais dira qu'elle avait "corps féminin jusqu'à la ceinture", et "le reste en bas étoit andouille serpentine ou bien serpent andouillique" !

Son supplice devait finir avec sa vie, si elle épousait un mari assez discret pour ne pas le voir en ce jour néfaste, et dans le cas contraire ce supplice devait continuer jusqu'au jugement dernier.

Alliée à Raimondin, neveu du Comte de Poitou, le belle Mélusine eut neuf enfants : mais tous étaient tarés soit d'un œil de cyclope, soit d'une immense oreille, soit d'une dent de sanglier... Et comme elle le l'a promis à son mari, elle amplifie ses domaines (Pouzauges, Tiffauges, Vouvant, Mervent, Chateaumur, Salbart, Lusignan, les tours de Parthenay, les arènes de Poitiers...), au clair de lune, comme par enchantement, avec de nombreux ouvriers tirés du néant.

Mais à cause de l'indiscrète jalousie de son mari, elle s'élança du baquet où elle prenait ses ébats tous les samedis, et disparut à jamais.





On dit aussi que, surprise par un importun caché dans les broussailles pour la voir, à Pouzauges, bâtir la tour carrée sans aucun ouvrier (son dernier chantier), elle disparut en criant :

"Pouzauges, Tiffauges, Mervent, Châteaumur et Vouvant,
Iront chaque an, je le jure, d'une pierre en périssant."

Il est heureux que cette malédiction n'ait pas frappé Saint-Mesmin. Car depuis, tous les ans, une pierre se détache de chacune des ces forteresses, et l'on voit parfois, la nuit, des apparitions effrayantes de la fée dans les hauteurs de certains châteaux du Poitou.

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